En me procurant ce petit livre, j'étais surtout curieux d'observer comment un auteur prolifique et imaginatif pouvait percevoir la vie en effectuant un saut de 100 ans dans le futur et d'avoir le privilège d'être témoin de l'exactitude de ce qu'il avait anticipé, 50 ans après le déroulement de l'histoire.
J'avais commencé à noter les éléments futuristes pour l'époque tels que l'électricité omniprésente, la possibilité d'un port de mer à Paris, un métro sur tubes électro-pneumatiques, la majorité des voitures circulant sans chevaux grâce à l'application du moteur à explosion de Lenoir (utilisé pour la première fois dans l'industrie automobile par Daimler en 1889), l'envoi de fac-similé par le pantélégraphe de Caselli, l'ascenseur électrique qui nous mène au bon étage en quelques secondes, des pianos branchés ensemble et joués par le même musicien (système d'amplification), une machine à calculer dans les banques avec un clavier qui ressemble à un piano... Mais cet extrait tiré de Wikipedia dépeint mieux le paysage imaginé par Verne :
Des trains de métro propulsés à l'air comprimé, des voitures à hydrogène, des machines étonnantes ressemblant à nos photocopieuses et à nos ordinateurs. Jules Verne y anticipe l'augmentation du trafic motorisé, la formation des banlieues, l'abandon du grec et du latin dans nos écoles, l'évolution de la musique qui n'est plus chantée, mais hurlée, et l'influence de l'anglais sur le français. Il imagine que les hommes-machines travailleront dans des bureaux kafkaiens et que la seule idéologie de l'homme moderne sera le profit. À travers le regard ironique de son héros, Jules Verne dresse une critique de notre société qui mène à l'aliénation et à la surveillance totale de l'individu par les machines ; les robots n'arrêtent pas seulement les voleurs dans les banques, ils prononcent et exécutent également la sentence.
Son imagination est indéniable mais on doit admettre que de nombreuses inventions mentionnées dans son texte existaient déjà en tant que prototypes au moment de sa rédaction. Verne a su placer son personnage dans un contexte où il n'a eu qu'à extrapoler vers une suite qui semblait logique. Dans certains cas, il s'est aussi planté dans ses prédictions, surtout par rapport à l'Entrepôt Dramatique où les pièces de théâtre sont écrites par des fonctionnaires. Au contraire, jamais l'art n'a été aussi riche que ces cent dernières années.
Faire l'exercice de comparaison est intéressant mais puisqu'on vit au 21ème siècle, on en a déjà vu d'autres et on est moins facilement impressionnable face aux prophéties passées qui ont finies par se réaliser. Je crois l'avoir déjà dit, il est dangereux de parier contre le futur. Sinon, j'ai trouvé l'histoire et les personnages de moindre intérêt.
À moins d'être un grand fan de Jules Verne, j'aurais préféré emprunter le livre à la bibliothèque plutôt que de l'acheter.