mardi 26 janvier 2010
Suite à la recommandation d'un vendeur de Renaud-Bray, je me suis procuré La Route, de Cormac McCarthy. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre mais le contexte semblait intéressant. Voici ce qu'en dit le résumé :
L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie remplit d'objets hétéroclites. Dans la pluie, La neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre: des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l'humanité. Survivront-ils à leur voyage ?D'abord, ça pouvait laisser croire qu'il y aurait des zombies. Aucun zombie. À la place, on se retrouve dans un contexte réaliste de ce que serait l'apocalypse dans un avenir rapproché. Le soleil est quasi absent, il fait froid. Plus rien ne pousse dans les champs, le chaos règne, la vie même est sur le point de s'éteindre. La preuve (si je ne me trompe pas), c'est qu'ils croisent pour la première fois quelqu'un vers la 50ème page.
La nourriture se fait rare, généralement en boîte de conserve. Parmi le peu de survivants, certains se sont résignés à devenir cannibales et capturent les gens pour les manger : on comprend que ce sont les méchants dont parle le père à son fils. C'est d'eux qu'ils tentent d'éviter et de fuir. Ils ont un revolver avec deux balles, qu'ils sont d'accord à utiliser en dernier recours pour se suicider plutôt que de tomber aux mains des cannibales.
Dans ce monde sans espoir, ils ont choisit la méthode difficile : de passage en différents lieux, ils trouvent le nécessaire pour vivre et manger au jour le jour et doivent piler sur leur orgueil quand vient le temps d'avaler ce qui leur tombe sous la main.
Arrivés à une maison qu'ils fouillent de fond en comble, ils découvrent une trappe vérrouillée au plancher. Une fois enfoncée, ils s'aperçoivent que des gens y sont pris en esclavage dans ce "garde-manger" provisoire. Et les résidents arrivent...
Plus loin, cachés à l'écart dans la nature, ils remarquent au loin un groupe de 4 personnes dont une femme enceinte. Suite à leur passage, ils exploreront le périmètre et découvriront le bébé embroché au dessus du feu à cuire pour servir de repas.
Lorsqu'ils les croisent, certains rescapés tentent de les attaquer pour obtenir le contenu du caddie, pour leur propre survie. D'autres sont seulement impuissants et errent dans l'inconnu jusqu'à ce que la mort les rattrape.
Une fois, on a le sentiment qu'ils arrivent au paradis : ils repèrent ce qui me semble être un genre d'abris nucléaire avec tout le nécessaire à la survie : eau potable, abondance de nourriture en conserve, lits de fortune, etc. Ils en profiteront quelques jours pour faire le plein d'énergie, se laver et être temporairement à l'abris des intempéries mais se verront forcés de poursuivre leur chemin. Ils remplissent le caddie du plus de provisions qu'ils peuvent transporter et reprennent leur route.
Que vont-ils chercher vers le sud ? Le père explique qu'ils doivent trouver d'autres gentils, même s'ils se méfient du peu de gens encore en vie. Ce qu'ils cherchent n'est pas toujours clair. Peut-être un monde meilleur ? Mais on se comprend que le père est mourant et qu'il cherche à trouver quelqu'un qui s'occupera de son fils une fois qu'il aura rendu son dernier souffle.
Avec peu d'action et de rebondissements, on sent surtout la solitude, la désolation, la répétition d'une routine de survie et l'ambiance qui pèse lourd. Assez bon en général, quoique je suis souvent déçu par la fin de ce genre de récit. Notre imagination doit se mettre de la partie.
À la librairie, deux éditions en format de poche étaient disponibles, l'une originale, avec une simple jaquette blanche (comme l'image publiée), l'autre avec une image tirée du film (2009) avec Viggo Mortensen dans l'adaptation de The Road au cinéma. J'ai acheté la première. Je n'ai pas vu le film (sorti récemment) mais tout au long de la lecture du récit, j'avais l'image de l'homme, silencieux, peu bavard, comme Aragorn dans le Seigneur des Anneaux.
Un peu comme pour les livres de poche de la trilogie, on dirait que je n'aime pas avoir une photo tirée des films sur les oeuvres qui ont été portées au cinéma. J'ai l'impression de soit lire un scénario de film, soit de me dire que je pourrais simplement visionner le film pour avoir une bonne idée de l'histoire. Le livre étant toujours meilleur que le film, sauf rares exceptions, on en perd moins les subtilités.
J'ai adoré ce livre. L'auteur évite les clichés d'histoires de fin du monde.
On arrive facilement s'habituer au style d'écriture de l'auteur.
J'ai pas trop compris pourquoi il (l'homme) n'était pas resté plus longtemps dans l'oasis de bonheur qu'il avait trouvé. Mais à part ça, le "taux de plausibilité" est élevé. 5 étoiles sur 5.
Tu as raison, il évite les clichés mais c'est aussi sans grand rebondissement (j'avoue que j'en attendais un).
Je crois qu'il n'est pas resté car il se sentait mourir et il faisait des sacrifices pour la survie de son fils.
As-tu vu le film?
Si l'auteur n'a pas eu recours à un rebondissement, je crois que c'est simplement parce qu'il ne pouvait y en avoir un.
Le monde est dans un état si misérable. Les rares survivants ont pour la majorité complètement rompus avec les valeurs qu'ils ont pu avoir un jour, comme si tout n'était que cauchemar et qu'ils ne pouvaient même plus avoir peur d'une sanction divine. D'ailleurs, le père est certainement le seul à avoir l'infime espoir qu'un dieu existe lorsqu'il parle seul et semble s'adresser à lui. Si dieu existe, comment a-t-il put faire ça ?
Cette absence de rebondissement n'est en fait que l'aboutissement de ce chaos. Que peux t-on donc espérer après ça ?
On peut juste considérer que l'espoir du père est récompensé, à la fin, lorsque son fils rencontre l'homme.
Mais rien ne nous dit que la fin est heureuse, elle fait simplement renaitre l'espoir et contrebalance l'idée, présente dans tout le livre, qu'il n'y a plus que la mort qui les sauvera.
Un roman magnifique, le seul qui m'ait fait pleurer.