Je lisais le premier tome du Comte de Monte Cristo et il était souvent question du terme piastre pour désigner la monnaie de l'époque (19ème siècle).
Au Québec, dans le jargon populaire, il est courant de parler de notre dollar en utilisant le mot piastre (prononcé "piasse"). Toujours dans la thématique vernaculaire, on peut se poser la question à savoir ce que veut dire l'expression : changer 4 trente sous pour une piastre.
Si vous entendez un québécois dire ça, vous devrez traduire ce qu'il veut dire par : changer pour quelque chose d'exactement identique.
Mettons cette expression sous la loupe :
Au Canada, le mot sou est utilisé dans le langage courant pour dénommer la division du dollar canadien, dont le terme officiel est cent. Les pièces d'un cent ont le nom vernaculaire de sou noir, et les pièces de vingt-cinq cents, celui de trente sous.
Pendant tout le régime français, on utilisait, en Nouvelle-France, le même système monétaire qu’en France. Ce système était fondé sur la livre, qui se divisait en 20 sous.
En 1760, les Britanniques font la conquête de la Nouvelle-France, mais ils laissent en place le système monétaire français. En effet, à cette époque, la livre anglaise et la livre française ont à peu près la même valeur.
Au 19e siècle, les dollars font leur apparition. Il y a donc deux systèmes monétaires qui coexistent : la livre et le dollar. Les gens les utilisent sans trop les différencier.
Le gouvernement du Canada détermine que six livres équivalent à un dollar. Puisqu’il y a 20 sous dans une livre et six livres dans un dollar, il y a donc 120 sous dans un dollar (6 fois 20). Et 120 sous divisés par 4 égalent 30 sous. Comme la livre et le dollar étaient interchangeables dans l'esprit des gens, ils se sont mis à dire que ça prenait quatre 30 sous pour faire un dollar.
Ce qui a ajouté de la crédibilité à l'expression, c'est que pendant un certain temps il a effectivement existé des 30 sous en papier, imprimés par des compagnies ferroviaires.
C'est en 1858 que le gouvernement décide de créer le dollar canadien, de même que les pièces de 25 cents. Ce qui ne nous empêche d’utiliser encore des 30 sous... même s'ils ne valent que 25 cents.
Sources :
mercredi 31 mars 2010
1 réponse à "Échanger 4 trente sous pour une piastre"
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L'expression veut bien dire : faire un changement qui ne change rien, mais l'explication me semble bien incomplète. Réduire le mot piastre à un deuxième nom pour le dollar est vraiment simpliste. La piastre a joué un rôle beaucoup plus important. Après l'arrivée des conquistadors, la piastre portugaise (et ses 120 sous) est devenue la monaie la plus utilisée dans toutes les Amériques. La Nouvelle-France ne faisait pas exception mais on y utilisait plusieurs autres monaies : la livre française, le Louis d'or, l'écu. Après la conquête, la livre anglaise s'est ajoutée. À l'émission du dollar canadien (et de ses 100 cents), il était au pair avec la piastre, d'où l'équivalence entre 30 sous et 25 cents. Les colons de la Nouvelle-France utilisaient la piastre courramment depuis plusieurs années. L'arrivée du dollar au pair avec la piastre a contribué à laisser courir l'ancien vocabulaire pour la nouvelle monaie.