Pour se débarrasser de nos vieilles traineries, on peut se tourner vers les marchés aux puces (bazars), les ventes de garages, les sites LesPAC, Kijiji ou eBay. Plusieurs personnes seront heureuses de se procurer des items d'occasion pour une fraction du prix.
Pour se défaire de nos vieux CD et se faire un peu d'argent, plusieurs feront un détour obligé par les boutiques de l'avenue Mont-Royal, dont l'incontournable L'Échange. Si vous êtes acheteurs, d'innombrables opportunités de faire des trouvailles s'offrent à ceux qui sont prêts à venir fouiller pour découvrir la perle rare. Et c'est une façon de recycler nos disques et de leur donner une deuxième vie (tout comme les livres).
Dans le cas des marchands de disques usagés, si un disque est rapporté et revendu à quelques reprises, ce ne sont pas les producteurs qui empochent les profits mais bien les marchands. Et quand on sait que le CD est acheté au maximum 2$ pour être revendu 10$, la marge de profit est plus alléchante sur un disque usagé que sur un neuf "shrink-wrapped" acquis du distributeur. Le même disque usagé est vendu à maintes reprises et c'est loin d'être équitable pour l'artiste qui ne touche rien !
Avec les CD qui tendent à disparaître et une génération qui s'est tournée vers le format mp3, iTunes est devenu la boutique par excellence (11 millions de pistes) pour faire des acquisitions et des découvertes musicales, à un prix moindre que le CD traditionnel (à moins que vous les obteniez d'une façon moins légale ou socialement acceptée ?).
Somme toute, comme je disais cette semaine, chaque personne possède maintenant sa propre collection mp3. Et si vous êtes comme moi, vous avez probablement de la musique numérique que vous vous êtes procuré qui a fait son temps, que vous n'écoutez plus et qui ferait votre bonheur de revendre à ceux intéressés et ainsi libérer de l'espace pour vos coups de coeur musicaux du moment.
L'idée est farfelue mais quelqu'un y a déjà pensé. En décembre 2008, on apprenait que le site Bopaboo était en version beta pour tenter de mettre à la disposition des membres un système de vente de mp3 usagés au coût fixe de 0,25$ par piste (au lieu de 0,99$ à 1,29$ par piste sur iTunes pour un mp3 "neuf"). Il semblerait que le projet n'ait pas été viable puisque le site n'existe plus ou est à l'abandon. Au moins, on ne pourra pas dire qu'ils n'ont pas essayé.
Avec le piratage toujours croissant, l'industrie trouve des moyens pour arrêter l'hémoragie et récupérer son dû. Des services de musique sur demande comme Rhapsody proposent un catalogue de plus de 9 millions de pièces qu'on peut écouter à sa guise moyennant un abonnement mensuel variant entre 10$ et 15$ par mois. Pour que les artistes fassent partis du catalogue, ils doivent en arriver à un accord avant de pouvoir diffuser la musique. Donc il y aura toujours certains artistes qui seront absents du catalogue.
Avec un abonnement annuel sur Rhapsody, c'est un minimum de 120$ qui revient dans les poches de l'industrie, soit l'équivalent du téléchargement de 12 albums sur iTunes. Mais combien dépense le consommateur moyen pour faire le plein de musique ?
Pour moi, c'est ou ce serait intéressant :
- parce que je dépense plus de 120$ annuellement
- si le service était disponible au Canada (réservé aux États-Unis)
- si la librairie était plus vaste (artistes plus obscurs ou underground, groupes québécois)
- si des vieux groupes disparus s'y trouvaient
- si je pouvais remplacer l'ensemble de ma collection par ce service, sans avoir à faire de compromis
- on est dépendant de la disponibilité du service en cas de panne ou de fermeture définitive
- pour des mélomanes comme moi qui écoutent de la musique constamment, la bande passante peut devenir un problème
Parce qu'on sait que les artistes font peu d'argent avec la vente des enregistrements, qu'il est possible d'enregistrer à moindre coût et que des subventions sont souvent à portée de main, serait-il possible de lancer des albums libres de droits pour l'écoute par le grand public (qui sait si on peut s'inspirer des license GPL ou Creative Commons) ? Évidemment, il faudrait des règles strictes pour l'utilisation des pistes à la radio commerciale, au cinéma, etc.
Est-ce réaliste de penser à un service d'emprunt numérique gratuit, inspiré par ce que fait la BAnQ avec les livres, CD et DVD ? Ça serait la culture libre au service de tous. Mais en contrepartie, quand on voit les visiteurs s'installer à la bibliothèque avec leur laptop pour venir encoder à la chaîne des disques en mp3, on se voit dans une impasse vis-a-vis la solution idéale.
Bref, avec ce qui est offert présentement comme service de diffusion de musique sur demande, ce n'est pas adapté à mes besoins. Là non plus, je ne serai pas un "early adopter" et je m'en tiendrai encore quelques temps au CD et au format mp3.
D'ailleurs, j'ai toujours vu le CD comme étant à l'origine une carte de visite qu'on acquérait à la sortie d'un spectacle, comme un souvenir. Assister à une performance musicale est une forme d'expérience unique dans le temps et le lieu, qui ne se répètera pas (du moins pas de la même façon). Comme toute chose, si on a apprécié l'expérience, on aura tendance à vouloir la répéter, d'où la possibilité d'acheter un enregistrement sonore aceptisé, qui ne laisse pas de place à la surprise. L'écoute est prévisible, rien qui n'aide à sortir de sa zone de confort.
L'avenir de la musique est dans les spectacles où la création prend tout son sens. Et c'est là qu'on peut réellement venir en aide aux artistes.