J'ai été chanceux de mettre la main sur la deuxième édition de In Search of Stupidity: Over Twenty Years of High Tech Marketing Disasters (sur Amazon Marketplace pour environ 4$).
J'appréhendais que ça allait être bon et finalement, c'était au-delà de mes attentes même si au final c'était très différent de ce que j'avais imaginé.
Merrill Rick Chapman a écrit le livre en partie en réponse à In Search of Excellence (un bestseller des années 80 qui fût aussi le livre qui se retrouvait dans le plus grand nombre de bibliothèques de 1989 à 2006) qui fût critiqué par la suite pour différentes raisons.
In Search of Stupidity renferme des pages d'histoire richement détaillées et bon nombre d'anecdotes intéressantes (tirées aussi du parcours professionnel de Chapman). Par exemple, en note de bas de page, l'auteur raconte qu'il a rencontré Isaac Asimov alors qu'il travaillait pour Macy's à New York. Asimov se serait pointé en magasin pour tester un nouveau produit et aurait tenté d'écrire du BASIC sur un Apple II. Il a causé une boucle infinie qu'il ne savait plus comment arrêter.
Un élément central qui m'a marqué est comment Microsoft s'est positionné, au fil du temps, comme leader de l'industrie. Oui, personne ne semble apprécier le géant de Redmond, mais je dois admettre qu'ils ont été très intelligents dans leurs décisions (même s'ils ont eu une part de chance en étant au bon endroit au bon moment) et que c'est surtout en évitant de commettre des erreurs aussi fatales que ses concurrents qu'ils ont atteint le sommet.
Microsoft avait l'engouement du public et de l'industrie pour les décénnies 80-90, ce dont Google semble s'être approprié depuis les 10 dernières années. Et pourtant, quelle que soit votre allégeance envers Microsoft, Apple ou Google, ils sont tous loin d'être blanc comme neige, seulement que ça a été moins publicisé par les médias pour certains (on frappe sur le plus gros, celui qui dicte les règles de l'industrie). À l'époque, Apple avait la fâcheuse tendance à intenter des poursuites judiciaires à quiconque plaçait une icône de corbeille sur son bureau. Et Google ne respecte pas toujours sa philosophie "do no evil", entre autre en Chine. Mais bon...
Le livre contient beaucoup de sujets à faire jaser dont la débandade d'IBM et l'OS/2, les excentricités de Philippe Kahn de Borland, la guerre des microprocesseurs gagnée par Intel et son imposant programme de marketing Intel Inside, le déclin de Novell, la saga des logiciels de traitement de texte (WordStar, WordStar 2000, WordMaster, NewWord, WordPerfect, Word), un portrait peu reluisant de Ed Esber de Ashton-Tate (probablement la personne la plus détestée à l'époque).
Mais aussi des sujets plus récents comme Netscape qui a entreprit de réécrire tout le code de son fureteur (en Java je crois) pour sa version suivante et qui a perdu le marché au mains de Microsoft Internet Explorer en étant incapable de suivre le rythme de développement. On connaît la suite. Netscape a légué le tout à la fondation Mozilla (qui est en train de reprendre tranquillement le dessus sur IE avec un certain Firefox). On y parle aussi de la bulle spéculative du dot-com qui a éclaté en mars 2000.
Un autre excellent chapitre est celui intitulé "The Strange Case of Dr.Open and Mr.Proprietary", qui présente l'idéologie du code source libre, Richard Stallman, Linux, GNU, la GPL et qui s'étend jusqu'au problème de la commercialisation de la musique depuis l'arrivée d'Internet, les lecteurs mp3 et les P2P, et l'industrie du disque qui a perdu le contrôle (un problème que j'ai exploré pendant plusieurs années).
À classer dans la catégorie des incontournables pour quiconque travaille dans le milieu informatique. Mais sachez que même si vous le lisez, ça ne vous évitera pas de faire des erreurs vous aussi. Cela dit, si vous avez des histoires d'horreur à raconter, envoyez-les moi! Le fait est qu'apprendre le passé évite parfois de refaire les mêmes erreurs dans le futur.
dimanche 29 novembre 2009
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