Dans les derniers jours, je me suis réinscrit sur LinkedIn suite à une discussion avec un ami qui m'a convaincu du bien fondé de la chose. Bien que je ne sois pas en recherche d'emploi, l'idée d'être présent sur le plus gros répertoire de CV au monde ne peut pas nuire à voir passer les opportunités intéressantes.
J'ai jeté un oeil aux profils des gens que j'ai cotoyé en milieu professionnel (expériences positives comme négatives) et j'ai constaté deux choses étonnantes chez certains individus : d'abord l'instabilité et la courte période des fonctions occupées, ensuite que plusieurs de ceux-ci se présentent aujourd'hui comme "programmeur senior", "lead developer" ou "technical lead". Que de contraste avec les projets désastreux qu'ils ont laissé à leur départ... De la bullshit ou un changement majeur s'est opéré dans leur façon de coder ? Le pire programmeur pour devenir le meilleur dans un environnement où les standards sont différents (l'inverse est aussi vrai).
En toute humilité, je n'ai jamais vraiment accordé d'importance à mon titre, sauf s'il représentait réellement les responsabilités qu'on m'accordait. Sauf que sur un site comme LinkedIn, là où des chasseurs de têtes et employeurs potentiels courtisent les candidats, il faut croire que c'est tentant pour certains d'en mettre plein la vue, même si ça implique de mentir un peu (ou d'embellir la réalité). Après tout, un programmeur en chef qui agit comme "travailleur autonome" ou un directeur de département "qui ne compte qu'un seul employé" ne représentent que des omissions banales dans un curriculum vitae. Tout comme pour la description des compétences, je me méfie de ceux qui se présentent comme experts dans une technologie. Reflet d'un niveau de compétence ou d'incompétence ?
Combien d'années sont nécessaires pour développer une solide expérience dans un domaine ? Personnellement, j'ai écrit mes premières lignes de code HTML vers 1996, mon premier projet dynamique sérieux en 1998 mais j'ai débuté à gagner ma vie avec la programmation en 2002 alors que je pouvais me consacrer à temps plein dans ma passion. Vouloir impressionner, j'indiquerais 15 années d'expérience en développement web alors que dans les faits, la vérité serait de 9 ans. Et vous, lequel seriez-vous tenté d'inscrire sur votre CV ?
Durant mes études pour l'obtention du diplôme d'études collégiales (DEC), on m'a expliqué qu'on pourrait éventuellement occuper un poste de programmeur, de programmeur-analyste (responsabilités de 60/40%), d'analyste-programmeur (40/60%) et finalement d'analyste. Notre profession n'est pas régie comme l'ordre des infirmières ou l'ordre des ingénieurs donc on peut bien inventer le titre qu'on juge qui nous va le mieux. Soudainement, le terme "programmeur" devient péjoratif par rapport à "développeur". La hiérarchie des titres prend le dessus sur les réalisations concrètes. Avec du recul, je comprends un peu plus pourquoi certains se qualifient comme programmeur-ninja ou autres déclinaisons fantaisistes. Parfois par humour, parfois en se prenant un peu trop au sérieux.
Je me souviens qu'à une époque, un de mes patrons qualifiait tous ses programmeurs de seniors alors que nous avions tous moins de 2 ans d'expérience. C'était nous flatter dans le sens du poil pour nous montrer qu'il nous faisait confiance et nous appuyait dans les décisions techniques. Pour d'autres, ça gonfflait leur ego.
Un titre, comme sur un livre, peut être accrocheur et susciter l'intérêt. Mais une fois qu'on creuse un peu, le contenu peut vite devenir décevant. L'importance d'un titre n'a d'égal que la responsabilité qui vient avec. Tout comme pour l'importance de la ceinture de karaté, la sagesse de monsieur Miyagi nous rappelle qu'elle n'est faite que pour retenir le pantalon.
Mon côté critique me dit que personne ne peut réellement prétendre être senior en informatique. Peut-être pour l'attitude mais pas pour les compétences techniques car la technologie évolue trop vite pour qu'on puisse développer une expérience suffisamment solide pour se dire expert (à moins d'être volontairement hyper-spécialisé). La mode du jour est de se proclamer expert dans une technologie après avoir baigné quelques mois dans un domaine émergent, comme par exemple * tousse tousse * les médias sociaux. À ce titre, on est tous des experts en quelque chose. Le reste, c'est de vendre sa salade.
mardi 14 juin 2011
3 réponses à "L'importance du titre : un mythe"
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Congratulations! Vous avez débloqué "Expert LinkedIn"
:)
:)
Certains ont tendances à booster leur c.v sur Linkedin. C'est trop facile de se dire expert.
Un ancien collègue, après avoir été mis à la porte, avait boosté son profil LinkedIn du genre "Expert en Google Analytics" alors qu'en réalité, il avait tout simplement copier-coller le code "script" dans 2-3 projets.
Mais des fois, ce n'est pas toujours l'employé qui se dit "senior". Certaines compagnies ont tendances à donner le titre de "senior" à leurs employés avec le plus d'années d'expériences peu importe ce qu'ils ont réalisés et apportés à la compagnie. Ce genre de situation peu amener des tensions entre employés.