Vous avez peut-être vu le film Memento du réalisateur Christopher Nolan ? L'histoire est celle d'un homme qui souffre de perte de mémoire à court terme et qui utilise des notes et des tatous pour se souvenir qu'il doit traquer l'homme qu'il croit avoir tué sa femme. Si ce n'est pas le cas, faites-le, vous ne le regretterez pas.
La raison pour laquelle j'aborde le sujet ici est qu'en lisant l'excellent livre This Is Your Brain On Music de Daniel J. Levitin (neuroscientifique du Laboratoire Music Perception, Cognition and Expertise de l'Université McGill à Montréal), j'ai noté le passage suivant que j'ai jugé intéressant à partager et parce qu'il fournit une bribe d'explication sur la maladie d'alzheimer dont souffre ma grand-mère et qui a atteint un stade avancé (à ce sujet, une vidéo expliquant le pouvoir de la musique par rapport à cette maladie cérébrale évolutive). Malgré tout ce qu'elle a oublié (incluant tous les membres de sa famille sauf son défunt mari qu'elle croit toujours vivant), elle chante continuellement Les Roses de Picardie dont les paroles semblent incrustées dans sa mémoire et dont nous ignorerons à jamais la signification que cette chanson avait dans ses souvenirs.
Selon Levitin [traduction approximative], le système musical du cerveau semble fonctionner indépendamment de celui de la langue malgré la proximité du traitement de la musique et de la parole dans les lobes frontaux et temporaux. Des preuves viennent de nombreuses études de cas de patients qui, après un accident, avaient perdu une ou l'autre des facultés, mais pas les deux. Le cas le plus célèbre du "syndrome memento" est sans doute celui de Clive Wearing, un musicien, chef d'orchestre et claviériste, dont le cerveau fût endommagé à la suite d'encéphalite herpétique. Tel que rapporté par Oliver Sacks (neurologue), Clive a perdu toute la mémoire à l'exception des souvenirs musicaux et la mémoire de son épouse (vous voyez le rapprochement).
D'autres cas ont été signalés pour lesquels le patient a perdu la mémoire de la musique mais a conservé la langue et d'autres souvenirs. Lorsque des parties de son cortex gauche se sont détériorées, le compositeur français Maurice Ravel perdit son sens de la hauteur (pitch) tout en conservant son sens du timbre, un déficit qui a inspiré son écriture du Boléro, une pièce qui met l'accent sur les variations de timbre.
mercredi 22 juin 2011
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