Quand on fait du tourisme à l'étranger, beaucoup font appel aux guides pour en savoir un peu plus sur l'historique de l'endroit. À Montréal, dans ma propre ville où j'habite, je suis loin de tout connaître et comme j'ai un intérêt pour l'histoire, pourquoi ne pas faire le touriste et me rendre à une visite guidée ?
C'est exactement ce qu'on a fait quand ma copine m'a parlé d'un tour guidé de 2 heures (à pied) intitulé Derniers soupirs du Red Light "La Main" (St-Laurent), organisé par Tours Kaleidoscope. Elle s'est fait convaincre suite à la lecture d'un reportage paru dans le journal Metro du 11 juin dernier (voir pages 10 et 11). Un article est aussi disponible sur le site web, profitez-en pour regarder l'extrait vidéo de 6 minutes du guide Michel Jutras (vraiment intéressant et qui fait remarquer des détails auquels on ne porte généralement pas attention). Pour 15$ par personne, on en a eu pour notre argent.
Par la force des choses, le boulevard St-Laurent est devenu la rue principale de Montréal car à l'époque, la petite ville était entourée de remparts et le seul accès par le nord débouchait sur cette route principale. Les voyageurs qui se rendaient à Montréal l'empruntaient et c'est pour servir cette clientèle que des auberges et les débits d'alcools sont apparus tout au long de la Main.
Pour ceux qui s'intéressent à l'architecture, remarquez sur les trottoirs de St-Laurent, du centre-ville jusqu'à Mont-Royal, les années de construction des bâtiments sont inscrites devant chacun d'eux. Les plus vieux immeubles de la Main se trouvent du côté est.
À l'époque, la Main était un endroit respectable. C'est vers les années 1960 que ça s'est mis à devenir plus malfamé (contrôlé par la mafia). Dans le quartier du Red Light, la prostitution se faisait de trois façons :
- la sollicitation sur la rue
- dans les maisons closes
- les services de luxe pour la clientèle fortunée (les grandes dames)
Juste à côté, le Monument National. Vers l'extrémité gauche se trouvait le Musée Eden qui a réellement existé et dont s'est inspiré la série diffusée à Radio-Canada. Plus d'information se trouvera sur le panneau situé de l'autre côté de la rue, sur le mur de la SAT.
À la SAT (Société des Arts Technologies), on remarque la construction d'un dôme sur le toit pour faire des projections sur le plafond. Derrière, un autre dôme plus subtil indique une petite mosquée pour servir les musulmans du quartier. Un genre d'énergumène qui n'avait pas toutes ses facultés est venu se mêler à la visite. Il a rapidement perdu l'intérêt.
Plus loin sur Sainte-Catherine, devant les Foufounes Électriques (le bar s'est déjà nommé le Cabaret La Ceinture fléchée - voir l'histoire des cabarets montréalais sur Wikipedia) se trouve un bâtiment étroit avec une crèmerie qui se plante au milieu d'un stationnement. À l'époque, l'espace du stationnement était occupé par un bar de la mafia (c'était l'ancien quartier italien de Montréal, avant la Petite Italie) auquel était annexé un petit hôtel. Le bar a pris feu et les pompiers l'auraient laissé brûler pour s'en débarasser. Seul l'hôtel y aura survécu. Selon la rumeur, le propriétaire ne veut pas le démolir car il est convaincu qu'Al Capone y aurait déjà séjourné et qu'il pourra le prouver un jour. La compagnie de vêtements Parasuco a démarré ses bureaux dans ce bâtiment et ce sont eux qui ont fait la gigantesque fresque colorée sur les murs.
Notre guide nous a fait remarquer que les entrées des théâtres et salles de spectacles étaient souvent étroites. Ceci était dû au fait qu'on devait payer selon la façade qui avait pignon sur rue. Pour que ça coûte moins cher, on construisait les salles en pleine largeur à l'arrière de la façade étroite.
Dans les cabarets montréalais, des stars ont fait leur réputation. On pense à Charles Aznavour qui serait débarqué à Montréal pour faire quelques spectacles Au Faisan Doré (maintenant le bar de danseuses Kingdom, en face du Screaming Eagle), à Dominique Michel, Olivier Guimond et Lili St-Cyr.
Celle-ci était une éffeuilleuse californienne qui pris un nom français pour attirer la clientèle, par exemple à la salle maintenant connue comme le TNM. À l'époque, une loi interdisait que les danseuses quittent la scène moins vêtue qu'à leur arrivée. Pour contourner cette loi, elle a mis sur pied un numéro où elle se trouvait dans une baignoire et elle se rhabillait progressivement jusqu'à sa sortie. Elle reçut le titre de la stripteaseuse la plus populaire de Montréal.
Quelques autres points d'intérêts de la visite :
- le Montréal Pool Room déménagé l'autre côté de la rue
- Café Cléopatre, le dernier résistant (Hydro-Québec voudrait construire une deuxième tour à cet emplacement)
- shops de juifs (ateliers de couture)
- habitations Jeanne-Mance (habitations à loyer modique) en plein centre-ville
- la musique et les musiciens jazz jamaïcains
- le quartier multi-ethnique