Le retour à l'école est amorcé pour des milliers d'étudiants à travers la province. Dur retour à la réalité! Leur cheminement sur les bancs d'école sera déterminant pour leur avenir puisqu'ils finiront par être la future force de travail. Malheureusement, pour beaucoup d'entre eux, l'objectif n'est pas d'assimiler des connaissances mais d'obtenir la note de passage pour décrocher leur diplôme. Après tout, une fois le certificat en main, les employeurs ont peu d'outils pour comparer objectivement les compétences des nouveaux diplômés fraîchement sortis de l'école. Heureusement, ce n'est pas une finalité et c'est loin d'être aussi simple!
Comme certaines matières ne sont pas déterminantes pour la pratique éventuelle d'un métier, il ne faut pas se surprendre si certains y mettent le minimum d'effort. Peu importe le moyen d'obtenir la note, l'important est d'en avoir une qui débloque l'accès à l'étape suivante. C'est pourquoi on rencontre si souvent des étudiants dont le seul souçi est de s'assurer que leur nom figure sur la page de présentation d'un travail au moment de sa remise. Gageons que si le correcteur poussait l'investigation plus loin, il se rendrait vite compte que certains auteurs n'ont pas la moindre idée de ce que le document contient!
L'exemple le plus flagrant dont je me souviens remonte à un cours de philosophie au Cegep où le professeur avait demandé à la classe de former des équipes de 4 personnes pour réaliser un travail écrit. Dans notre équipe, mon rôle consistait à fournir les idées et à formuler l'argumentation. Une fille s'était attribué la tâche de retranscrire le texte manuscrit à l'ordinateur et de corriger les fautes. Un autre élève se disait faire l'avocat du diable pour trouver des contre-arguments et finissait par approuver tel quel tout ce qui sortait de ma bouche. Enfin, le dernier prenait la responsabilité de lire le texte devant la classe. Je me rappelle que nous avions eu une bonne note mais pour dire vrai, qui la méritait vraiment ?
Le travail d'équipe comporte ce risque : qu'une personne se ramasse avec la responsabilité du travail au nom du reste du groupe. Et parce qu'elle prend son succès personnel à coeur, tous finiront par partager la récompense. Le plus triste, c'est que les mauvaises habitudes d'hier se répercuteront aussi demain en milieu de travail. Plutôt que d'apporter une contribution à parts égales, ces parasites s'avèrent souvent plus nuisibles qu'autre chose (à eux-même ainsi qu'à leur entourage). Hip Hip Hip Hourra! pour la sélection naturelle, ceux qui se sont le mieux adaptés à relever des nouveaux défis finissent par se démarquer des incompétents.
Au nom de l'esprit d'équipe, jusqu'à quel point faut-il tolérer l'incompétence autour de nous ? Comment peut-on accepter de déléguer du travail à quelqu'un qui le fera moins bien que si on l'avait fait soi-même ? Individuellement, nous sommes tous en mode "survie" et malgré tout le bien qu'on dit de la force d'unité d'une équipe, nous sommes là d'abord pour sauver notre peau mais aussi pour progresser individuellement et se surpasser. Si tout le monde pousse dans la même direction et y met du sien, là oui, nous sommes en présence des conditions gagnantes pour que chacun influence l'autre à s'améliorer. L'apport de chacun est bien sûr différent mais la participation à l'effort collectif est le facteur le plus important.
Ça c'est en théorie, dans le meilleur des mondes. D'ailleurs, un jour j'irai vivre en Théorie, car en Théorie tout se passe bien. Même si tous mettent l'épaule à la roue dans un but commun, certains pousseront plus fort que d'autres et se démarqueront du lot. Et puisque notre système capitaliste valorise la performance et qu'elle varie en fonction de la personne, la reconnaissance et la récompense seront attribuées aux plus méritants.
Sachant cela, n'est-il pas plus tentant de privilégier l'individualisme pour son profit personnel ? Ou est-ce plutôt un argument pour mettre de côté son ego et d'encourager les plus forts à partager leur savoir pour aider les plus faibles à niveller vers le haut ? Combien pensent qu'aider l'autre à s'améliorer ou partager une connaissance constitue un risque que l'élève surpasse le maître ?
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vendredi 26 août 2011
1 réponse à "On est jamais mieux servi que par soi-même"
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Le système capitaliste ne valorise pas la performance. Le système capitaliste valorise ce que ceux qui versent un salaire considèrent comme la performance. En d'autres termes, le système capitaliste valorise ceux qui correspondent à un ressenti légitime ou non.
Il peut effectivement s'agir de performance, de compétence ou de responsabilité, mais aussi de diplôme (untel à fait telle école et est mieux payé qu'un autre à poste égal), de niveau hiérarchique (untel est à tel poste donc est payé tel salaire conformément aux effets de mode, même si les compétences ne suivent pas), etc, etc.