dimanche 3 février 2013
La méthode Google : que ferait Google à votre place ?
Publié par Infinite Loop, à 09 h 39
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Un ami et moi avons échangé des livres. Je lui ai prêté In the Plex en échange de What Would Google Do? de Jeff Jarvis. En septembre 2012, je commençais sa lecture, pour enfin la terminer ce matin seulement.
Comme WWGD? a été publié en 2009, les concepts présentés sont de plus en plus de notoriété publique, à savoir comment Google fonctionne en valorisant la création, l'ouverture, les connexions, l'unicité, la collaboration et l'invention.
Pour Jarvis, tout commença en 2005 lors d'un élan de colère où il partagea sa mauvaise expérience avec Dell sur son blogue. L'effet d'entraînement des autres consommateurs mécontents fût immédiat. Le légendaire Dell Hell était né, de même qu'une réputation peu reluisante qui lui a collé à la peau un certain temps. Depuis, grâce à l'ouverture de l'entreprise face aux critiques de ses clients, elle se transforma pour devenir un modèle à suivre.
Comment est-ce possible ? Parce que votre pire client est votre meilleur ami, dit-il. Il vous force à vous réinventer pour corriger les failles. L'auteur énonça alors la 1ère loi de Jarvis : Donnez le contrôle aux gens et nous allons l'utiliser. En effet, à force de transparence et de données ouvertes, le client devient un partenaire et on lui donne le pouvoir de s'approprier le produit. C'est tout le modèle d'affaires du marché de masse qui est en pleine mutation. Comme Google est en partie responsable de ce bouleversement, l'auteur propose d'imiter Google pour réussir comme eux. Joignez le mouvement open-source, l'économie du don à l'intérieur du marché de niches tel qu'on l'a vu dans The Long Tail. Small is the new big.
WWGD? est construit sur trois axes :
- Les règles de Google : la prémice sur le nouveau modèle d'affaires qui fait son succès
- Si Google régnait sur le monde : des exemples fictifs et réels appliqués à différents secteurs d'activités
- Génération G : une courte réflexion sur l'expérience que vivront les jeunes qui resteront connectés pour le reste de leur vie
Dans Middlemen are doomed, on nous met en garde. Si votre boulot consiste à être un intermédiaire, réfléchissez à votre avenir : vendeurs de voitures, agences de publicité, bureaucrates gouvernementaux, chasseurs de têtes, agents de voyage, agents d'immeubles, etc. Sans revoir vos façons de faire, votre métier pourrait être voué à disparaître. À lire sans faute.
Dans Google U, j'y ai retrouvé une réflexion que j'ai déjà eu, en beaucoup plus étoffée.
Qui a besoin d'une université quand nous avons Google ? Ne serait-il pas mieux que les cours soient collaboratifs et publiques, où la créativité se nourrit comme Google la nourrit, que les erreurs bien reprises soient valorisées en opposition à la similitude et la sécurité, où l'éducation se poursuit longtemps après l'âge de 21 ans, où les tests et le degré importent moins qu'un portfolio de son propre de travail, où l'économie du don peut convertir n'importe qui avec des connaissances en enseignants, où les compétences de recherche, de raisonnement et le scepticisme sont mieux évalués que les compétences de mémorisation et de calcul, et où les universités enseignent une abondance de connaissances pour ceux qui le souhaitent, plutôt que de gérer une pénurie de places dans les classes.
Il y a quand même certains liens qu'on peut faire avec l'Université populaire de Caen (Michel Onfray).
Plus loin, il cite Will Richardson dans une lettre ouverte à ses enfants :
Au lieu du morceau de papier sur le mur qui dit que vous êtes un expert, vous aurez un éventail de produits et d'expériences, de réflexions et de conversations qui montrent votre savoir-faire, qui montre ce que vous savez en le rendant transparent.
Plus loin, Jarvis renchérit avec un passage où je me suis reconnu :
Faut-il obliger les jeunes à passer par 18, 16 ou même 12 ans de l'école, en essayant de les amener tous à penser de la même façon, avant de réaliser des choses? [...] Peut-être que nous avons besoin de séparer les jeunes de l'éducation. L'éducation dure éternellement. La jeunesse est le temps de l'exploration, de la maturation, de la socialisation. Qu'est-ce que ça donnerait si on disait aux étudiants que, comme les ingénieurs de Google, ils doivent prendre une journée par semaine ou un cours par session ou encore une année à l'université pour créer quelque chose : une entreprise, un livre, une chanson, un sculpture, une invention ? L'école pourrait servir d'incubateur, de conseiller, de dynamique, pour nourrir leurs idées et leurs efforts. Qu'est-ce qui en ressortirait ? De grandes choses et des choses médiocres. Mais ça obligerait les élèves à prendre davantage de responsabilités pour ce qu'ils font et de sortir du carcan de l'uniformité. Ça leur ferait poser des questions avant qu'on leur dise des réponses. [...] Et pourquoi structurer l'éducation pour tous autour du plus petit dénominateur commun de la minorité ?
J'aurais voulu aller à une école Montessori comme Brin et Page. Le mieux que j'ai pu accomplir, c'est de faire mes études secondaires à l'École Georges-Vanier de Laval qui présente des avantages similaires. La description du programme dit qu'il s'agit d'un programme éducatif d'avant-garde basé sur une vision centrée sur l’élève et sur le respect du rythme de son apprentissage. Le développement de l'autonomie permet à l'élève d’apprendre par lui-même grâce aux modules et de se responsabiliser en étant maître de son cheminement scolaire.
Entre ses murs, on y retrouve autant d'étudiants pour qui le rythme de l'école régulière est ennuyeux que d'autres qui auraient besoin d'un peu plus de temps pour assimiler la matière. À chacune des 6 périodes d'une journée, l'étudiant choisit spontanément quelle matière il veut travailler et se rend en salle de classe sous le principe premier arrivé, premier servi. Un enseignant est présent en tant que personne-ressource mais il n'enseigne pas la matière au tableau devant la classe. Comme chacun peut progresser à son rythme, il est possible de terminer plus ou moins rapidement un cours. Ce qui rend possible d'être en mathématiques de secondaire 4 en même temps que de faire son français de secondaire 5. Dans mon cas, j'ai terminé chacune de mes trois dernières années du secondaire au mois de mars pour ainsi profiter d'étés de 6 mois. J'ai développé des habitudes et un goût d'apprendre qui me suivent encore aujourd'hui. Comme autodidacte, je n'ai pas de papier ou de certificat qui prouve mon expertise. Mais j'ai plusieurs réalisations à mon actif.
Pour en revenir à nos moutons, il ajoute que Google répond à un désir profond : les gens veulent être comme Dieu, avoir son pouvoir entre les mains. Quand on y pense, même si on le prend pour acquis, c'est tout à fait phénoménal d'être en mesure de fouiller dans l'ensemble des connaissances du monde en une fraction de seconde. Google est l'oracle à qui on pose les questions et il a réponse à tout. La recherche de Google concède l'omniscience et Google Earth, par son perchoir céleste, offre une vision du monde comme Dieu le voit. J'aime l'image.
Enfin, l'auteur conclut en nous dirigeant vers une lecture complémentaire sur son blogue BuzzMachine : Five Steps to a Googlier You. Mon 20% est ce blogue.
Google est un formidable outil, certes, mais ne doit pas être un modèle.
L'approche est intéressante dans le fait d'interroger sur tous les à priori dont nous souffrons tous plus ou moins.
Mais bon, j'ai un compte gmail, j'utilise Chrome au quotidien, j'adore Drive pour partager des docs avec ma fille...mais je ne suis pas dupe, lorsque je retrouve constamment des publicités concernant les articles que je suis allé voir sur un site marchand une heure avant.
Google est une entreprise, elle fait du business avant tout même si ses produits sont "cools" et pratiques, n'oublions pas cette réalité, ne soyons pas dupes.