Je ne pensais pas terminer la lecture du bouquin Hackers avant les fêtes mais voilà, dès que je m'y suis plongé, je l'ai littéralement dévoré. Trop rapidement à mon goût tellement c'est devenu un livre coup de coeur. Bien qu'il ne soit pas très récent (écrit originalement en 1984 et réédité en 2010 par O'Reilly à l'occasion de son 25ème anniversaire de publication), son contenu a su traverser le temps puisqu'il dépeint l'histoire et la culture du hacker, son évolution de 1950 jusqu'au début des années 80, le tout raconté de manière passionnante par Steven Levy (Wired). Une incursion dans cet univers mal connu était nécessaire pour démystifier la vraie nature du hacker.
Le terme "hacker", avouons le, a perdu ses lettres de noblesse avec le temps. La connotation négative qui lui est aujourd'hui associée n'a plus rien à voir avec les fondements originaux. Depuis son adoption par la culture populaire, plusieurs ont dénaturé son sens premier en s'autoproclamant hacker. Initialement, le hacker faisait son travail par pure passion, sans aucune attente de notoriété ou récompense financière. Avec le temps, il s'est adapté aux lois du marché pour devenir entrepreneur. Et c'est exactement là que la confrontation s'amorce.
Cette culture a vu le jour au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à la fin des années 50, où des passionnés passaient la majorité de leur temps (y compris la nuit) à construire et améliorer collectivement les systèmes informatiques et en partageant ouvertement leurs connaissances. Et contrairement à ce qu'on pourrait le croire, ils suivaient (parfois sans le savoir) les règles d'éthique du hacker. Les zones d'exploration consistaient d'abord en les machines commerciales onéreuses comme le TX-0, le PDP1 et le PDP6. Mais d'autres avaient comme vision de rendre l'ordinateur accessible à tous et c'est dans les clubs informatiques comme le Homebrew Computer Club en Californie que des passionnés nouveau genre s'échangeaient les idées de concepts et astuces techniques, le tout sur une base volontaire. Et c'est d'ailleurs là que Steve Wozniak a amorcé la révolution en introduisant un nouveau genre de machine avec ce qui allait devenir une entreprise bien connue : Apple (voir à ce sujet l'excellent film Pirates of Silicon Valley).
Au fil de la lecture, on suit l'évolution de plusieurs acteurs de la révolution informatique (avec l'avènement de l'ordinateur personnel), des plus puristes (Greenblatt, Wozniak, Stallman) jusqu'à d'autres, qui ont connu le succès avec leur flair pour les bonnes affaires (Williams, Osborne, Gates, Zuckerberg). Ces deux derniers font une très brève apparition dans le texte, surtout le fondateur de Facebook qui n'a droit qu'à quelques lignes (et c'est tant mieux) dans un épilogue ajouté pour 2010.
Bien entendu, ce type de récit ne s'adresse pas à tout le monde mais c'est suffisamment bien vulgarisé pour qu'un néophyte y trouve son compte (c'est un récit donc rien de trop technique). Assurément, les passionnés d'informatique et les développeurs risquent d'y trouver une bonne source d'inspiration.
Je vous avertis tout de suite, si vous l'aviez lu à l'époque, cette nouvelle édition a peu de nouveau à se mettre sous la dent. Autrement, rendez-vous chez votre librairie (virtuel ou non) pour vous le procurer.
Une fois que vous l'aurez fait, voici d'autres suggestions de lecture secondaires :
- Pour les plus geeks d'entre-vous, regardez du côté de The Soul of a New Machine de Tracy Kidder (conception d'un ordinateur 32 bits chez Data General sur une période d'un an)
- JPod de Douglas Coupland, destiné au grand public, une immersion dans le monde des programmeurs avec quelques clichés selon la perception d'un observateur qui regarde de l'extérieur
Trop tard pour demander ça au Père Noël. Je pense que vais me plonger dedans très prochainement. Merci pour ce résumé tout à fait alléchant.