samedi 1 juin 2013
Pour mettre la main sur cet excellent ouvrage sur l'architecture et l'urbanisme de Montréal, j'ai eu à en faire l'acquisition sur le marché d'occasion d'Amazon où le sceau postal indiquait qu'il était livré en provenance des États-Unis.
À l'intérieur se trouvait encore le feuillet de circulation de la bibliothèque de Rivière-des-Prairies de la ville de Montréal. Dernier emprunt : 25 octobre 2003. Il fût ensuite retiré de la collection de la bibliothèque et vendu, probablement lors du solde annuel des Amis des bibliothèques m'a-t-on dit. Puis, il s'est retrouvé quelque part au Maryland jusqu'à ce que je le fasse revenir au bercail.
Si vous me lisez régulièrement, vous connaissez ma passion pour Montréal. Malgré les problèmes qu'on lui connait, cette ville a quelque chose de fascinant. Elle est remplie d'histoire, d'architecture, de secrets bien gardés et c'est un plaisir de les découvrir.
Même si ce livre a originalement été publié en 1974 (mon édition 1990), cet ouvrage de Jean-Claude Marsan (professeur émérite de l'Université de Montréal) demeure une référence pour la période qu'il couvre jusqu'à sa publication. Il trace l'évolution de l'urbanisme de Montréal et des courants architecturaux de la métropole avec beaucoup d'objectivité.
Au risque de ne pas rendre justice à la qualité du document, je me contenterai de dire qu'il est question des débuts en tant que colonie, l'emplacement des quartiers, le système d'organisation des rues, le côté fonctionnel de l'architecture de l'époque, les courants architecturaux Néoclassique, Néogothique, Néobaroque, Beaux-Arts, Victorien (incluant le mauvais goût des nouveaux riches!), l'influence religieuse et les églises, les premiers gratte-ciels, les habitations populaires, les transports, les espaces publics et les parcs, le tout appuyé par l'inclusion de cartes, de dessins d'époque ou de photos.
C'est d'ailleurs par l'exploration de l'une d'elles que je me suis mis à chercher des cartes d'époque qui m'ont inspiré le billet 8 secrets tirés d'une carte de Montréal de 1939. Cela dit, n'hésitez pas à m'envoyer une copie de vos vieilles cartes ou anecdotes sur le passé de Montréal, ça m'intéresse d'entendre ce que vous avez à dire.
Vers la fin du livre où il était question de l'Expo 67 et des Olympiques de 1976, le hasard a fait que j'ai visionné au même moment un épisode de Le Design est partout à ArTV à propos des stations de métro de Montréal, construites à cette même époque. On a vraiment des belles stations de métro, non ? Personnellement, pour avoir comparé avec celles de plusieurs villes dont Boston et New York, le nôtre est beaucoup plus propre et attrayant.
Malgré sa figure emblématique, Marsan s'indignait déjà à propos du gâchis de la construction du Stade Olympique et de son toit rétractable que Taillibert avait déjà expérimenté avec succès et à plus petite échelle à la piscine Roger Le Gall du boulevard Carnot à Paris (avec l'aperçu Streetview ici, vous conviendrez que ça n'a absolument rien à voir avec la dimension d'un stade!). Verdict : #FAIL.
[...] The truth is that Taillibert, protected by a mayor deluded with grandeur, sacrificed all to the god of formal aesthetics. He realized a personal dream, but in doing so disregarded the real needs of a society - its economy, its potential, its know-how - on the site as well as in the work. As a result, the stadium seems an abstraction, more like sculpture than architecture. From the heights of Mount Royal or from the south shore, it appears to be a huge flying saucer, completely alien to the city around it. [...]
Marsan rappelle aussi qu'à l'époque, notre stade a coûté près de 700 millions de dollars alors qu'un stade américain contemporain de même capacité en coûtait 50 millions. Plutôt que d'avoir un coût de revient de 725$ par siège, on peut rougir en pensant que chaque siège de notre stade a coûté aux contribuables 11 500$... Ne demandez pas pourquoi on entretient avec lui une relation amour-haine.
On dit aussi que Montréal est la ville aux Mille Clochers en raison de la présence de plus de 600 églises (chacune compte un clocher ou plus) sur son territoire. J'ai été surpris d'apprendre que l'une d'elles est une réplique réduite de la basilique Saint-Pierre-de-Rome : il s'agit de la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde. Profitez-en pour jeter un coup d'oeil à l'intérieur, c'est impressionnant.
Je terminerai avec un point qui m'a fait sourire : on croyait que Montréal compterait 7 millions d'habitants au tournant de l'an 2000. Avec nos 1,65 millions de concitoyens, l'objectif n'a clairement pas été atteint. Faisons nos devoirs et reproduisons nous!