Complétez le vieux proverbe suivant : On the internet, nobody knows you're a dog. La meilleure réponse serait peut-être : But everybody knows you're an attention whore. C'est un peu l'impression que me donnent les médias sociaux dans un ère de web 2.0.
Selon Urban Dictionary, attention whore est une étiquette donnée à toute personne qui aspire l'attention à un point tel qu'elle fera tout pour en recevoir. Le type d'attention (positive ou négative) n'a pas d'importance.
Comme le dit l'adage, parlez-en en bien, parlez-en en mal mais parlez-en. Et ouvertement, sur la place publique aux yeux de tous. Mes pensées font immédiatement référence aux clips vidéos amateurs de toutes sortes postés sur YouTube, au marketing viral et aux nombreux sites de réseautage social. On est rendu à l'ère du "m'as-tu vu ?". J'existe, la preuve étant que j'étale ma vie sur les réseaux sociaux.
Tout ça n'est pas normal, même que c'est malsain. Quand on sait que les plus gros utilisateurs de Facebook sont considérés par certains psychologues comme étant le reflet d'une personnalité narcissique, peut-être qu'est venu le temps d'une remise en question ? La possibilité de vivre son 15 minutes de gloire est maintenant accessible à tous, facilement. Le web est la nouvelle télé qui peut créer une vedette instantanément. Tasse-toi mononcle, je tente ma chance!
Après tout, suis-je si différent de l'utilisateur moyen sur les Internets ? Quand j'obtiens un ami de plus sur Facebook, j'ai l'étrange l'impression de vivre ma vie sociale à fond. Comme pour un trophée de chasse, j'expose ma liste à la vue de tous, fier de pouvoir dire que j'en ai plus que toi, toi et toi. Le positivisme ? C'est moi tout craché. À croire qu'ils ont inventé le bouton "J'aime" pour que j'en abuse. J'ajoute toutes les semaines des photos à mon compte, surtout des poses de moi-même sous tous les angles, vu à travers le miroir de la salle de bain. Je deviens fébrile à l'idée de commenter les banalités de la vie quotidienne. Parce que mes opinions comptent autant que les tiennes, je vais me mettre à bloguer. Puis me rendre compte que mon lectorat brille par son absence, qu'il ne vient pas à moi si facilement. Une idée de génie me vient alors : utiliser son statut Facebook pour imposer ses états d'âme à sa liste de contacts. Au moins je saurai que quelques amis virtuels seront forcés de lire mes platitudes, jusqu'à ce qu'ils me masquent de leur interface. Le pire cauchemar de tout individu est de se sentir exclu. L'être humain a le besoin de faire parti d'un groupe et idéalement d'en être le leader pour rayonner pleinement.
Tout ça, ce sont des choses que les soi-disant spécialistes en médias sociaux savent et qu'ils sont convaincus savoir mieux utiliser que vous. Sinon, ils sauront vous convaincre et vendre leurs services aux entreprises qui souhaitent rejoindre une clientèle différemment des moyens traditionnels. La mode est clairement au web social qui se commercialise. La profession est née il y a quelques années, à peu près au même moment où le web 2.0 était un buzzword qui se propageait à la vitesse de l'éclair et infectait le cerveau des décideurs. Personne ne savait ce que c'était et tout le monde voulait s'assurer de ne pas manquer le bateau.
Pour avoir le droit d'inscrire sur sa carte d'affaire le titre d'expert en médias sociaux, c'est facile. Il vous faut :
- GBS 101 (gros bon sens)
- beaucoup de temps libre
- la force de persuasion
- vous autoproclamer comme expert parce que personne ne le fera à votre place. En effet, aucun diplôme ne reconnaîtra vos compétences
- s'arranger pour avoir de la visibilité sur le web, que vous soyez vu partout, même là où l'on ne veut pas vous voir
Après tout, ça demeure une vaste opération de marketing web, pour soi ou au service des entreprises. On veut être le centre d'attention à tout prix, agrandir son cercle d'influence et améliorer sa réputation web. Et avouons le, nous le faisons en majorité avec un niveau d'amateurisme inégalé. Et on pourrait pratiquement reléguer les experts en médias sociaux au niveau du mythe parce qu'ils se font rares tellement qu'on peut commencer à douter de leur existence.
Je sais que je suis cruel envers le marketing par médias sociaux. D'autres commentaires vont aussi en ce sens (il y a encore de l'espoir) :
- 10 questions pour évaluer un "expert" des médias sociaux (anglais)
- 5 mythes sur les médias sociaux
- J'en ai marre des marchands de tapis de prétentions et d'illusions
Et qu'est-ce que ça changerait si je dévoilais mon nom ? Parti de l'idée d'un pense-bête personnel, Code 18 est aussi un gros laboratoire où je mène mes expériences. Je peux prendre des risques car ça n'affecte pas ma e-réputation et que mon projet n'a pas d'objectif commercial. Je suis juste un gars ordinaire qui, jusqu'à maintenant, a eu le ténacité et la motivation de réaliser un projet DIY durant plus de 2 ans. Ma dernière lubie web avait duré 5 ans. Et c'est par ce projet que j'ai rencontré mes meilleurs amis (vous savez, la vraie amitié, ceux qui se comptent sur les doigts d'une main et qu'on voit dans la vraie vie ?). J'aurais tout avantage de sortir de l'ombre mais j'ai encore une réserve.
Lors de mon plus récent projet, j'ai connu le succès et j'étais mal à l'aise avec la popularité. J'aimais mieux vivre dans l'ombre, être low profile, mettre les idées à l'avant-plan. Juste pour vous dire, j'étais un média respecté dans le domaine de la musique. À chaque spectacle que j'assistais, je serrais tellement de mains que je n'avais pas la chance de profiter de la performance musicale. Parfois plus populaire que l'artiste sur scène. Parfois du léchage de bottes par les artistes eux-mêmes pour essayer de s'attirer des faveurs. J'aurais pu faire la grosse tête et jouer la vedette mais j'ai préféré rester terre à terre, allant même jusqu'à me retirer complètement du milieu pour pouvoir redevenir un simple fan. Toute cette attention me puait au nez. Le succès du webzine reposait sur un mélange de créativité, de contenu de qualité, d'éthique de travail et sur la possibilité d'étendre mes activités web à travers une expérience sociale enrichissante.
Cette fois-ci, je n'ai aucune idée quelle direction prendra ce blogue dans l'avenir ou combien de temps je pourrai tenir à bout de bras ce défi quotidien. Il gagne chaque jour en popularité et me demande de plus en plus de temps. Je ressens déjà le besoin de ralentir parce que j'ai d'autres projets sur la table. Tant mieux si mon blogue peut servir à d'autres qui ont des intérêts communs avec les miens.
Quand même, merci de votre attention.