En entête du livre Rework, une recommandation aussi accrocheuse par Seth Godin place la barre haute avant même d'avoir débuté la lecture : Ignore this book at your own peril. Est-ce que le livre est à la hauteur des attentes et en vaut-il les 17$ que j'ai dépensé sur Amazon ? De prime abord, je répondrais oui car il est plein de bons sens. Mais il ne faut pas s'attendre à des révélations extraordinaires.
Jason Fried et David Heinemeier Hansson décrivent en chapitres concis l'approche qu'ils ont appliqué au sein de leur entreprise 37signals (créateurs de Ruby on Rails), une PME à succès de 20 employés et qui génère quelques millions de revenus à ce qu'on dit. Appliquer leurs conseils n'est pas un gage de réussite pour autant. Comme ils le disent eux-même, ça vaut pour eux et il ne faut pas tenter de les imiter en tout point.
Il faut voir ce livre comme un guide qui tend à remettre en questions les notions académiques traditionnelles de la gestion d'entreprise. Chaque sujet présenté mérite qu'on se pose des questions face à notre approche du travail et c'est ce qui est encouragé par les auteurs. Faire à notre façon quoi qu'en disent les autres.
Travaillant moi-même pour une PME en informatique, j'ai trouvé leurs commentaires pertinents et souvent applicables à notre situation. Par exemple :
Resumé are ridiculous
Un CV est souvent bourré de demi-vérités. Oh que oui. J'ai vu le curriculum vitae d'un ancien employé qui a quitté il y a plusieurs années et il indiquait dans ses réalisations avoir conçu avec nous le site d'une vedette de la scène artistique québécoise alors qu'à mon souvenir, il avait à peine travaillé une heure sur le projet pour corriger un bogue. Un autre s'attribuait tous les mérites de prix que l'entreprise avait remporté quelques années avant son arrivée dans l'équipe!
Years of irrevelance
Toujours relatif. 5 ans d'expérience dans une entreprise qui n'évolue pas ou présente peu de défis peut être équivalent à 1 an dans une autre.
Forget about formal education
Il faut que des gens efficaces soient en place. J'ai vu des bacheliers en informatique au dessus de leurs affaires et qui n'arrivaient pas à la cheville du talent de programmeurs juniors sortant du collège.
Une mention spéciale aux leçons apprises à l'école qu'il faut oublier une fois sur le marché du travail. Quelques exemples :
- Plus un document est long, plus il importe
- Utiliser les grands mots est impressionnant / imposant
- Il faut écrire un nombre minimum de mots pour faire le point et se faire comprendre
Une table de babyfoot ne fait pas parti de la culture d'entreprise.
Politique
Une entreprise devrait commencer à écrire une politique interne lorsqu'il y a un abus général dans l'équipe. Autrement, mieux vaut avertir et régler le problème avec l'individu fautif et ne pas pénaliser le reste de l'équipe. De toute façon, qui lit les politiques ?
ASAP is poison
Un mot parmi tant d'autres à éliminer. On est déjà au courant que le client aimerait qu'on voit à sa demande le plus rapidement possible. Si tout est considéré urgent, quand saura-t-on si ce l'est vraiment cette fois-ci ? Ça me fait penser à l'analogie que j'ai déjà fait avec la mécanique automobile.
Press release are spam
On dira ce qu'on voudra, c'est une forme de message non sollicité. Il faut faire en sorte que le client et les médias s'intéressent à nous autrement.
Inspiration
Un de mes préférés. Les idées sont immortelles. L'inspiration possède une date d'expiration. C'est un élément magique, un multiplicateur de productivité, un motivateur. Nul besoin d'en dire plus.
Ce n'est que quelques exemples qu'on retrouve au fil des pages de Rework. Ça remet les idées en place pour nous permettre de focusser au bon endroit, sur les vrais problèmes. Bien que le livre compte 270 pages, les auteurs disent qu'ils ont coupé le contenu de moitié. Si on ne compte pas les nombreuses images qu'on retrouve une page sur deux, ils auraient pu en faire un livret de 100 pages ou moins. Mais si vous jetez un coup d'oeil aux esquisses des illustrations de Rework, on comprendra qu'elles ont leur place et qu'elles sont bien choisies. Personnellement, j'ai trouvé que ça allégeait la lecture et qu'en feuilletant les pages pour retrouver les passages repris pour écrire ce billet, ce sont les images qui me permettaient de retrouver rapidement les sujets. Comme quoi une images vaut mille mots.
Je termine en vous invitant à poursuivre votre lecture sur le blogue Signal vs. Noise de 37signals et à visiter leurs archives.
Salut, bravo pour le résumé du livre.
J'ajouterais que quand on est entrepreneur, on sent souvent que l'on fait des choses parce que l'académisme nous force à les faire. Quand on lit Rework, on est soulagé et on se libère du carcan.
Tout à fait. Parfois, j'utilise l'analogie de la musique. Si un artiste ou un groupe décide d'imiter ses idôles, il peut avoir un certain succès auprès des amateurs du style mais il devra se contenter de ramasser les miettes. Les groupes ayant le plus de succès suivent leur propre voie sans se soucier des conventions et sont assez créatifs pour personnaliser leur style, ce qui leur permet de se distinguer des autres.
Heureusement, on a plus de chances de réussir en tant qu'entrepreneur qu'en tant qu'artiste :-).