Cette histoire m'a été rapportée il y a quelques jours alors qu'un nouvel employé, étudiant en génie, aurait cogné son doigt à quelques reprises contre la table lors d'une réunion et aurait alors posé la question à ses interlocuteurs pour leur demander s'ils savaient ce que ça signifiait. Un peu surpris et ne sachant pas trop où il voulait en venir, ils l'ont laissé parler.
- Quand un ingénieur cogne la bague à son doigt comme ça sur la table, le monde doit se taire et l'écouter.
Silence. Malaise.
Je ne faisais pas parti de la réunion mais ouch! Jamais je ne me serais permis de dire ça. Je vous le dit, j'ai sauté ça de haut quand on me l'a raconté (je sais, vous ne le voyez pas mais prenez la peine d'imaginer).
Comment une personne peut-elle se surestimer à ce point pour oser dire une absurdité pareille ? Soit il est prétentieux et imbu de lui-même, soit ses professeurs lui ont fait tout un lavage de cerveau pour qu'il croit ce qu'il a dit. Si c'était une farce, il aurait mieux fait de se taire. Mais non, il tenait à informer les autres.
Il ne faut pas être un grand observateur pour se rendre compte que la situation n'est pas à son avantage :
- il est encore aux études, donc aucun diplôme et aucune bague de l'Ordre des ingénieurs
- il est en poste depuis quelques semaines seulement
- après cet épisode, son emploi est probablement plus précaire qu'assuré
Ce qui m'amène à un principe essentiel tiré de la citation no. 36 sur le silence :
Avant d'ouvrir la bouche, assure-toi que ce que tu vas dire est plus beau que le silence.
Parce qu'il deviendra ingénieur et ce, même s'il l'était, je juge que c'est un problème d'attitude majeur. Tout porte à croire qu'il regarde de haut des gens plus expérimentés alors qu'il se trouve au bas de l'échelle. C'est pourquoi je classe ce type de personne dans la catégorie péjorative et peu flatteuse des "ingnégnieurs". Prouve tes compétences par tes actions et ton éthique de travail, pas en te cachant derrière ton titre (voir mon autre billet à ce sujet : L'importance du titre : un mythe).
Dans une nouvelle réunion cette semaine, la qualité de son travail lui a éclaté au visage (par professionnalisme, nous n'avons nommé personne) : trop de bogues, des vulnérabilités de sécurité, des problèmes de performance, il a fait à sa tête alors qu'on lui avait recommandé certaines solutions. Cette fois, il n'a pas osé dire un mot de la réunion. J'espère que c'est le signe qu'il s'est senti visé et qu'il a eu une petite leçon d'humilité.
On va passer l'éponge et lui laisser une chance. Il est maladroit, certes, mais il n'est pas mal intentionné et ne cherche que des façons de s'intégrer dans l'équipe, même si c'est parfois avec des propos douteux. Mais vous serez averti, le prochain qui me dit ça, je lui arrache le doigt et je le lui enfonce à un endroit peu glorieux.