Si vous vivez au Québec, dans la région montréalaise, vous avez probablement vu ou entendu ce genre de publicité pour la promotion de la ville de Laval : tous les avantages de la grande ville, sans les désavantages.
Un 5 et demi, pas de stationnement, pas de galerie, pas de terrain ou pour le même budget à Laval, un 10 et demi, 2 stationnements, un garage double, une cour et des voisins un peu plus loin... et un walk-in.
Ou cette variante qui rajoute de l'huile sur le feu :
Le vert gazon, le vert espace, J'ai essayé d'aimer ça le gris asphalte, le gris béton mais j'aime le vert.
Comparer des pommes et des navets
C'est un point de vue qui dépend de l'angle par lequel on pose notre regard. C'est un peu comme se plaindre que New York ne ressemble en rien à la campagne. Évidemment, ça contraste.
Dire que Montréal n'est que béton est aussi insignifiant que de juger Laval par ses nombreux bars de danseuses qui peuplent le boulevard Des Laurentides. Quoi que je suppose que ça a dû plaire aux membres du conseil d'urbanisme de la ville du palindrome (et du cosmodome)...
Sur le banc
Vivre à Montréal, c'est d'accepter de vivre dans le feu de l'action avec tout ce que ça implique. Vivre à Laval, c'est participer à une finale de la coupe Stanley alors que le coach nous condamne à assister au match du haut de la passerelle (oui, j'ai trouvé cette analogue en regardant un match des Canadiens de Laval, euh, de Montréal!). À en croire ces publicités, on est beaucoup plus épanoui quand on a son petit drive-way et sa petite vie tranquille à entretenir sa pelouse pour qu'elle obtienne un beau vert, plus vert que chez le voisin.
Habité par un complexe d'infériorité et de l'envie, le bashing contre Montréal s'est avéré la seule option retenue, à défaut de savoir se démarquer autrement. Bien entendu, le but d'une campagne publicitaire est d'annoncer les avantages, rarement les inconvénients. Et pourtant, Laval en compte plus d'un (Montréal aussi, ce ne sont juste pas les mêmes). À un point assez grave où Laval doit embaucher une agence de marketing pour tenter de redorer une réputation peu reluisante.
Dans les vidéos, notez le ton de voix, les expressions faciales, l'arrogance. Tout ça est le résultat du nouveau slogan "le 514 bonifié" duquel s'indignait Diane Bérard il y a un an dans Les Affaires : ordinaire, très ordinaire...
C'est encore une fois l'argumentaire de la quantité versus la qualité. Au même titre que Wal-Mart tente de vous en donner plus pour votre argent, sans vous offrir le raffinement. Une offre de service en canne, modelé sur le rêve américain dans tout ce qu'il y a de plus cliché.
Comme un iPod
Montréal est semblable à un iPod : originale, authentique, branchée. On fait abstraction du prix à cause du facteur cool. Laval ? Plutôt comme un Zune de Microsoft : à valeur égale, il en offre plus mais ne fait pas le poids et suscite peu d'intérêt. La publicité en faveur de Laval s'est donc bâtie sur les promesses d'un "Montréal-killer" qui s'avérera un pétard mouillé. La formule gagnante n'a pas été trouvée : Laval demeure une ville dortoir insécure qui se cherche une identité.
Je ne vous cacherai pas que j'ai vécu mon enfance en banlieue non loin de là et que deux voisins du quartier se livraient une féroce compétition de par leurs terrassements et sur la sculpture de leurs arbustes. Comme idéal de vie, j'ai déjà vu mieux. Ça me semble tout à fait le genre de valeurs que veut véhiculer Laval à ses (futurs) citoyens. J'en conclus qu'à Laval, on enrichit son gazon alors qu'à Montréal, on enrichit son esprit.
Centre-ville
En manque d'un centre-ville ? Ils en ont bâti un 100% artificiel : le Centropolis (vous ne pouvez pas le manquer, il suffit de chercher la grosse soucoupe volante aussi appelée cinéma Colossus lorsque vous circulez sur l'autoroute 15). Pourtant, même le quartier Dix30 de Brossard a déjà supplanté son petit frère de la rive-nord et suscite plus d'engouement. Un centre-ville se doit de prendre forme de lui-même, au fil du temps, pas de faire semblant d'en avoir un créé du jour au lendemain. Et suis-je dans l'erreur si j'y note le sacrifice d'espaces verts pour y construire tout ça ? Allez, avouez que vous avez autant d'ambition de béton qu'en a Montréal !
Je vous le dis, j'ai vraiment essayé d'apprécier les (nombreux) bars de danseuses et les (nombreux) concessionnaires automobiles, mais j'ai préféré les activités culturelles de Montréal. Ma famille aussi ;-)
samedi 23 avril 2011
1 réponse à "Laval, le 514 bonifié"
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Dire que la ville de Laval c'est les bars de danseuse du boulevard des Laurentides c'est comme dire que Montréal c'est les raffineries de Rivière-des-prairies.
Le jour où les fusions sont arrivées, l'identité de ces deux villes a pris un bon coup.