vendredi 14 décembre 2012
Plus tôt cette semaine, je me suis fait complimenter sur la qualité de mon français par une lectrice de mon blogue. Quand on reçoit des félicitations, on dit qu'il faut les prendre humblement pendant que ça passe. À bien y penser, ce n'était pas la première fois que j'entendais ces mots être prononcés. Généralement, ça tournait autour du "Tu écris bien pour un gars". Là, c'était plutôt "Tu écris bien, surtout pour un programmeur". Bah, à chacun ses forces!
Il faut admettre que le français est rarement la force des gars. La plupart vont préférer passer du temps à faire du sport ou à être devant un jeu vidéo plutôt que de se caler dans un fauteuil pour lire un bouquin. Je n'ai pas la prétention que mon français écrit est parfait, au contraire. Cherchez les fautes sur ce blogue, vous en trouverez trop à mon goût. Seulement, je suppose qu'il est remarqué parce que j'y apporte une attention particulière par rapport à d'autres qui utilisent l'écriture que de façon fonctionnelle.
Donc possiblement qu'il est supérieur à la moyenne. Être un intellectuel et un rat de bibliothèque n'est pas étranger à cela. Pourtant, les règles grammaticales sont depuis longtemps oubliées dans ma mémoire et je n'ai qu'un vague souvenir de me rappeler de quelques-unes. Je suis convaincu qu'à force d'avoir beaucoup lu depuis mon enfance, ma mémoire photographique des mots et des formulations de phrases me suffit à tirer mon épingle du jeu.
Au bureau, chaque poste de travail possède une licence du logiciel de correcteur linguistique Antidote. Je n'ai jamais senti le besoin de l'utiliser, peut-être parce que mes rares fautes se font discrètes si on compare à celles qu'on retrouve dans les textes rédigés par mes supérieurs. Quand la majorité des gens sont incapables de noter les erreurs flagrantes dans un texte, on se dit que les nôtres passeront sans doute inaperçues.
Pour minimiser les risques d'erreurs, il existe une botte secrète que vous avez sans doute déjà appliquée sans le savoir. Depuis mon jeune âge, chaque fois que j'avais à faire une rédaction et que j'ignorais l'orthographe d'un mot, je le remplaçais par un synonyme dont j'étais certain de l'épellation ou je changeais la tournure de la phrase. Plus vieux, j'ai découvert que j'appliquais la Loi de Chaboillez : contourner le problème plutôt que de faire ou de dire une bêtise.
Cette loi, aussi dite du Square de Chaboillez, prend son origine vers 1885 à Montréal (au site de l'ancien Planétarium Dow, à l'intersection des rues Saint-Jacques et Peel). Louis Cyr, l'homme le plus fort du Canada de l'époque (et possiblement du monde vu la nature de ses exploits), exerçait aussi le métier de policier. Un jour de canicule, alors qu'il patrouillait dans le secteur avec un autre agent, on les informa qu'un cheval était mort d'épuisement en raison de sa charge et la chaleur. Son collègue commença à rédiger le rapport mais il ignorait comment écrire "Chaboillez". Louis Cyr se gratta la tête, ramassa le cheval et le traîna jusqu'au coin de la rue suivante. "Voilà, tu n'as qu'à écrire que le cheval est mort sur la rue Notre-Dame !".
Je suppose que ça s'applique aussi à d'autres domaines que la langue. Récemment, un collègue était irrité par l'absence d'une fonctionnalité dans un logiciel. Plutôt que de chercher comment activer l'option dans les préférences, il a jugé bon de remplacer le logiciel par celui d'un concurrent qui avait l'option activée par défaut. Quoique là, ça appartient un peu au domaine de la bêtise...
;-)