On fait de belles trouvailles quand on se met le nez dans les livres d'histoire. Il est question de tous les aspects de la vie, même les plus urgents. Comme d'habitude, voici quelques notes de lecture.
Pour ceux qui l'ignorent, une bécosse est une toilette sèche qui, faute d'avoir un cabinet d'aisance dans son logement, se trouvait dans une cabane de bois au fond de la cour arrière, d'où son nom déformé de l'anglais "back house" = bécosse).
En 1866, il existait 10666 bécosses à Montréal et en 1891, on dénombre 26,6
utilisateurs par bécosse. Vers 1900-1910, la ville maintient qu'il doit
exister un cabinet d'aisance pour quinze personnes, ce qui n'est pas sans rappeler la norme dans un stade sportif ou au camping.
Dans les habitations, il aurait existé des modèles de bécosses superposées afin de permettre aux locataires
des étages supérieurs d'y accéder plus facilement (comme pour un lit à deux étages, je suppose qu'il était préférable d'être au-dessus plutôt qu'en dessous ?).
Avoir une salle de bain dans son logement était un luxe. Vers 1910, un loyer pour un logement avec bain est de 12$ par mois. Un logement
sans bain coûte entre 6$ et 7$ par mois et un taudis se loue 4$ par
mois.
Dans ces mêmes années, dans le quartier Hochelaga-Maisonnveuve, le salaire moyen d'un ouvrier est d'environ 546$ par année (45,50$ par mois) alors que le minimum vital est de 691$ donc la plupart des gens vivent sous le seuil de la pauvreté. Pour un travail égal, les femmes et les enfants touchent la moitié ou le tiers du salaire des hommes.
Vers 1939, le salaire moyen est de 1873,55$ par année (156,13$ par mois). Les loyers sont de 40$ par mois.
Vers 1949, un ouvrier gagne environ 2100$ par année (soit 40$ par semaine).
En 1950, une publicité parue dans le journal Les Nouvelles de l'Est fait la promotion de 20 maisons de la LOC à vendre dans le quartier Ahuntsic au cout de 8700$ sur les rues Tolhurst, Meunier, Verville, Tanguay, entre Prieur et Kelly, cette dernière étant aujourd'hui renommée boulevard Henri-Bourassa (LOC = Ligue Ouvrière Catholique visant à faciliter aux familles l'accession à la propriété). Maison unifamiliale d'une valeur de 10700$ pour un prix d'aubaine de 8700$, plan provincial 2%, plan fédéral 4,5%, 50% exemption de taxes foncières pendant 15 ans. 1200$ comptant à la signature du contrat, plus 375$ pour les terrains, la balance 43$ par mois toutes taxes comprises (capital, intérêt, amortissement, taxe foncière, scolaire, égoûts...).
Concernant ma maison à Montréal, selon le certificat de recherche de la ville de Montréal, mon lot de terrain a été vendu :
- 1911 : 1$ comptant
- 1951 : 227$ comptant
- 1952 : 250$ comptant
- 1953 : 1175$ comptant
- Construction de la maison en 1956
- 1961 : 11200$ dont un prêt de 6500$ remboursable en 5 ans, intérêt à 6,5%
Très intéressant de lire cette tranche d'histoire. Merci pour ce partage.