On a longtemps cru que la Terre était plate. Puis, on a découvert qu'elle était ronde. Plus récemment, d'un point de vue économique, le journaliste Thomas Friedman a exposé comment elle est redevenue plate. C'est ce qu'il explique avec minutie dans son volumineux ouvrage The World is Flat (paru en 2005 et qui en est à sa 3ème révision) qui traite de la mondialisation 3.0 : celle où nous pouvons tous compétitionner et collaborer grâce à un ordinateur et une connexion Internet et de la conséquence de la sous-traitance dans des marchés émergents où la main-d'oeuvre devient hautement qualifiée comme l'Inde et la Chine pour une fraction du coût.
C'est effectivement assez dur à résumer et mieux vaut le lire en entier pour réaliser à quel point il a raison. Pour moi, il a su changer ma vision et m'aider à mieux comprendre l'état actuel du monde, avec le mérite d'avoir inversé mes idées préconçues que j'avais sur l'Inde et la Chine. Dans un livre à cheval sur la science sociale, l'histoire et l'économie, il nous donne des éclaircissements sur la hausse des prix du pétrole à l'existence d'Al-Qaeda, la chute du mur de Berlin, pourquoi Microsoft est vénéré en Chine, comment eBay profite de la mondialisation (oui, même le président de la SEC - Securities and Exchange Commission - est fier d'avoir obtenu son étoile jaune de réputation en tant qu'utilisateur), l'importance de la classe moyenne dans les guerres, etc. À ce sujet, j'ai souligné un passage où l'auteur cite Louis Pasteur qui résume probablement assez bien comment on devrait réagir face à tout cela : la fortune sourit aux esprits préparés. Excellente raison pour bien comprendre les nouveaux défis qu'apporte la mondialisation et comment y réagir. Positivement et avec créativité.
Pour demeurer compétitif, nous devrons constamment mettre à jour nos compétences. Ce ne sera pas simple. Dans un monde où il y avait des murs, être médiocre pouvait quand même nous procurer un bon salaire. Dans le monde actuel, vous ne voulez surtout pas être médiocre. Un temps, les parents disaient à leurs enfants de terminer leur repas car les gens en Chine et en Inde étaient affamés. Aujourd'hui, on peut dire qu'ils le sont autant, mais pour obtenir nos emplois. Ta job ou ma job. Pourquoi pas les deux!
Pour être bien préparé, il faut d'abord adopter la bonne attitude. Au Québec, nous avons un palmarès des meilleures écoles secondaires et chaque année, les parents virent fous avec ça et souhaitent à tout prix inscrire leurs enfants dans les meilleures et éviter les "pires". Évidemment, les mieux cotées du classement sont des écoles privées qui coûtent plusieurs milliers de dollars par années pour les y inscrire. Ça m'a fait sourire de lire que David Baltimore, récipiendaire d'un prix Nobel et président de Caltech, une des meilleures université scientifique du monde, mentionnait que les meilleurs étudiants là-bas proviennent des écoles publiques. Souvent dans le système privé, il est présupposé que parce que vous vous y trouvez, ça fait de vous quelqu'un de spécial. Ceux de Caltech ont grandi dans des familles qui les encouragent à travailler fort, à se garder un peu de gratification pour l'avenir et à comprendre qu'ils ont besoin de parfaire leurs compétences pour jouer un rôle important dans le monde. Pensez-y avant d'inscrire vos enfants à l'école privée dès le niveau primaire... Et peu importe votre parcours, ne supposez jamais que vous êtes le meilleur.
Jerry Yang (co-fondateur de Yahoo!) citant un membre du gouvernement chinois : lorsque les gens ont de l'espoir, vous avez une classe moyenne. Ce à quoi l'auteur note que des pays qui ont des McDonald's n'ont jamais fait eu de guerre majeure entre eux depuis que les restaurants s'y sont établis. Cette observation lui a permis d'établir sa Golden Arches Theory qui stipule que lorsqu'un pays atteint un niveau de développement économique suffisant pour avoir une classe moyenne, il devient un pays McDonalds. Et les pays avec des McDo n'aiment plus faire la guerre. C'est Grosse Douceur (Grimace) qui sera contente d'apprendre ça. Et il renchérit avec la Dell Theory of Conflict Prevention qui prend tout son sens : les fournisseurs qui se sont positionnés dans le marché ne veulent pas perdre ce qu'ils ont gagné par une guerre qui leur serait nuisible.
Pourtant, quels pays ne participent pas à la chaîne d'approvisionnement ? Principalement certains pays arabes et musulmans qui ont stagné en s'asssoyant sur les revenus du pétrole sans prendre les moyens pour faire progresser ses travailleurs. Et ça devient une source de frustration qui a pu causer les attentats du 11 septembre.
Les gens qui sont connectés au monde et qui sont exposés à différentes
culture et perspectives sont plus probables de développer l'imagination
du 11/9 (chute du mur de Berlin et ouverture sur le monde). Ceux qui se sentent déconnectés et
pour lesquels la liberté et l'épanouissement personnel sont un fantasme
utopique sont plus probables de développer l'imagination d'un 9/11.
On dit qu'on sait qu'une compagnie est dans le trouble lorsqu'elle parle de ses accomplissements passés plutôt que de sa vision future. Et qu'en est-il des pays, des sociétés ? C'est génial d'avoir été innovateur au 14ème siècle mais ce n'est plus d'actualité. Ont-t-ils plus de souvenirs que de rêves ? Si oui, il faut la sortir de l'ombre pour qu'elle devienne une usine à rêves.
Verdict : vous devriez vous faire un devoir d'ajouter ce livre à votre liste de lecture, vous en ressortirez plus conscient des enjeux mondiaux.
N.B. tel que mentionné dans un billet récent (Est-ce que lire peut brûler les graisses ?), j'ai lu une partie de ce livre en faisant de l'exercice. J'y ai passé 4 heures pour perdre 2660 calories. Pour poursuivre sur ma lancée, je commencerai un autre livre très prochainement.
mardi 5 juin 2012
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