samedi 25 janvier 2014
Mafia Inc. : Grandeur et misère du clan sicilien au Québec
Publié par Infinite Loop, à 11 h 27
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Vito Rizzuto, parrain présumé de la mafia montréalaise, était vivant lorsque j'ai commencé la lecture de ce livre. C'était en décembre 2013. Il était mort lorsque je l'ai terminé. Le livre traînait chez moi depuis sa sortie en 2010 tellement qu'une édition révisée est parue en 2012 pour couvrir les plus récents événements. Suite à son décès le 23 décembre dernier, gageons qu'une nouvelle édition est en préparation.
J'avais l'habitude de lire les articles des auteurs André Cédilot et André Noël dans le journal La Presse et cet ouvrage constitue un assemblage bonifié des fruits de leurs recherches et de sources diverses.
À commencer par savoir si la mafia existe vraiment. Nul ne pourra nier l'existence du crime organisé mais qu'en est-il de cet espèce de mythe, moussé par le cinéma et les séries télé, qui ont alimenté l'imaginaire collectif sur ce qu'est la mafia ? Qu'on parle des Sopranos, Le Parrain, Donnie Brasco ou Goodfellas, il semble que la fiction rejoingne parfois la réalité (oui, certains sont inspirés de faits vécus).
À la commission Charbonneau, lorsqu'on posa la question à ex-entrepreneur en construction Nicolo Milioto sur ce qu'était la mafia, il se contenta de répondre: Je ne sais pas. C'est ici que commence la loi du silence. Tout le monde est au courant mais personne ne parle, sous peine de représailles. Comme pour Voldemort, "mafia" est un nom qu'il ne faut pas prononcer. Contentons-nous de la Cosa Nostra.
Au fil des pages, on assiste a l'ascension de la famille Rizzuto (par son père Nicolo puis avec son fils Vito) avec l'affiliation à la famille Cotroni de Montréal et du clan Bonanno de New York qui ont éliminé les Violi dans la guerre contre les Calabrais pour accéder au pouvoir.
Difficile de résumer simplement les événements puisqu'il s'agit vraisemblablement d'une guerre pour le trône, où pouvoir, politique, vices, argent et vengeances sont au coeur d'une intrigue complexe. À plusieurs reprises, les auteurs semblent se sentir obligés de revenir sur les événements ou liens familiaux pour être certains que le lecteur ne s'y perde pas.
Mis à part une meilleure compréhension des événements liés au crime organisé québécois ces dernières années, j'éprouve toujours un certain plaisir à découvrir des anecdotes:
- Le grand-père Nicolo, son fils Vito et le fils de celui-ci, aussi prénommé Nicolo (Nick) étaient grandement liés au crime organisé (seul Vito est décédé d'une mort naturelle). Les deux autres enfants de Vito, eux, sont avocats. Curieux choix de carrière non?
- Je n'habiterai jamais sur l'avenue Antoine-Berthelet en bordure du Bois-de-Saraguay à Montréal. D'abord parce que je ne suis pas assez riche mais surtout parce que nombreux sont ceux du crime organisé qui y ont pris résidence.
- C'est une drôle d'ironie de nier l'existence de la mafia mais de s'amuser à faire des célébrations diverses avec comme trame de fond la musique du film le Parrain.
- Je n'irai jamais manger au restaurant La Cantina, dont Rizzuto était l'un des propriétaire. Contrairement à son aspect extérieur, l'intérieur est beaucoup plus invitant et les critiques sont plutôt bonnes. J'aurais trop peur d'assister à un règlement de comptes comme ce fût le cas dans le passé dans le stationnement.
- Vito Rizzuto est allé à l'école secondaire St.Puis X sur Papineau, dans mon quartier.
- Le salon funéraire Loreto à St-Léonard, où plusieurs mafieux décédés ont été exposés, est une autre propriété de la famille Rizzuto. Il y a quelques années, le père d'un ami italien y fût exposé. Son nom de famille figure dans le livre. Je ne veux pas insinuer qu'il était lié à des activités illégales mais c'est une drôle de coïncidence. Il ne faut pas être coupable par association :-)
- Je me rends compte que je n'ai pas vu le film Donnie Brasco, tiré d'une histoire vraie (Joseph Pistone, agent du FBI qui a infiltré la famille Bonnano à NY). Je vais devoir y remédier.
- Le légendaire cabaret Au Faisan Doré où de nombreux artistes ont performé à une certaine époque est maintenant le club de danseuses Kingdom Gentlemen's Club.
- Le Cinéma Riviera, appartenant à la soeur de Vic Cotroni est maintenant le club des danseuses le Solid Gold, situé près du restaurant La Cantina dans le quartier Ahuntsic de Montréal.
- Quand on voit un nom familier comme Cammalleri, j'ai immédiatement pensé à l'ex-joueur de hockey du Canadien de Montréal, Michael Cammalleri. Y a-t-il un lien de parenté?
- Où on apprend les démarches de camouflage d'un accident de Ferrari auprès du concessionnaire de voitures de luxe John Scotti...
- Sur l'avenue Mont-Royal, l'ancien restaurant New Miss Mont-Royal est devenu la populaire boutique L'Échange, où on peut acheter et vendre des livres, CD et DVD usagés. Pour les curieux, voir cet article de la Société d'histoire et de généalogie du Plateau Mont-Royal concernant les crimes du Plateau.
- Les auteurs font mention d'une rencontre entre des membres de la mafia et la famille Saputo (empire du fromage, propriétaire de l'équipe de soccer l'Impact de Montréal) pour des projets d'expansion avec la Grande Cheese Co. Je ne mets pas en doute la légalité de l'entreprise, je crois plutôt que des membres de la mafia voulaient investir avec eux pour blanchir de l'argent dans des activités légales.
- Je savais déjà que je n'étais pas la clientèle cible du Moomba Superclub de Laval (au Centropolis). Je l'éviterai encore plus depuis que j'ai appris qu'il est reconnu pour être un lieu de fête prisé des plus jeunes mafiosis et des gangs de rue. Des fusillades et meurtres s'y sont produis ces dernières années.